CLAEYS, LE CADRE, LE TEMPS...


Quand je regarde cette très théâtrale composition de Claeys pour la couverture Fayard de La sorcière de Brooklyn de Andrew Vachss, ça se passe à peu près ainsi :

 
 
 


Je vois d'abord la fille, qui me fixe, et qui essaie d'accrocher mon regard, se constituant en aguicheuse, en personnage racoleur et central... Puis mon regard recule devant cette proposition trop tendue, frontale et offensivement partageuse... Il prend de la distance, un peu comme recule une grue de cinéma, plutôt en travelling qu'en zoom, donc...
 
 
 Et là, il voit rentrer dans le champ l'amorce d'un nouveau personnage, modérateur de lecture entre la femme et moi, et que l'on appelle en terme de cadrage cinématographique une "fausse amorce"... Fausse parce qu'elle risque, au moindre mouvement des acteurs ou du cadre, de s'échapper, de glisser, de fausser compagnie au cadre rigoureux que cherche à figer le cameraman consciencieux...
 
 
En quelque sorte, Claeys a fait "rentrer" ce personnage, cadençant le second temps de ma lecture, celui de "l'entrée" d'un nouvel acteur.. C'est comme si, venu de la droite, il s'imposait plus tard, une fois mon regard libéré, délivré du magnétisme central de l'aguicheuse. D'une image par définition fixe, Claeys tire les ficelles du temps, du temps cinématographique,m'obligeant à une lecture séquentielle... à une découverte "découpée", qui contraint à la durée.